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le blog de Margarida Batista

7 mars 2011

Le passage de la nuit

« Le passage de la nuit » de Haruki Murakami paru aux éditions belfond

Tokyo. L’horloge indique minuit moins cinq. Dans un bar, une jeune fille  lit  seule, concentrée,  dans un coin… A l’autre bout de la ville, sa sœur Eri dort profondément…

Autour de Mari, fil conducteur de cette histoire singulière, l’auteur nous présente une galerie de personnages sombres et secrets : Eri la belle endormie, un musicien un peu paumé, une gérante d’hôtel  au lourd passé, une jeune prostituée violentée, un informaticien désabusé…

Leurs destins vont défiler, se choisir, s’entremêler ou se blesser  pendant sept heures devant nos yeux.

Haruki Murakami  renoue dans cette œuvre moderne avec son ancien amour : le cinéma

Son écriture  est visuelle, vivante. Elle alterne  au présent, une narration à la 1ère personne du pluriel et une narration plus descriptive. L’Architecture de ce livre renvoie étrangement à celle d’un scénario. Le lecteur, alter ego de l’auteur, endosse malgré lui, la peau du réalisateur. Il est capté, sollicité, actif, filmant  les différents  acteurs dans des plans séquences intimistes voir intrusifs ou des travellings oniriques. Une horloge en exergue au début de chaque chapitre et des indications visuelles en lettres capitales apparentées à des didascalies  scénaristiques  plantent le décor et l’invitent  à poursuivre son travail.

 Ces différents tableaux  aux accents emprunts de réalité et de fantasmes où la musique, comme une bande son, accompagnant ce passage de la nuit,  peuvent décontenancer  un  lecteur–spectateur,  un lecteur passif, peu habitué à un univers interactif où le conscient et l’inconscient du « nous » (auteur-lecteur), le réel et l’imaginaire se côtoient et s’invitent mutuellement dans un monde  très contemporain.

Margarida Batista

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7 mars 2011

le serein malgré lui

Texte de Nadine Bellanger / Dessins de DoubleBob paru aux éditions Noviny 44

Nadine Bellanger signe ici une fable allégorique et philosophique d’une sensibilité et d’une intelligence rares.

L’individu y est confronté à un alter ego sous la forme d’un poisson enfermé dans son bocal : un animal social contemplatif et semble t-il serein car indifférent à l’environnement qui l’entoure, limité par l’espace et le temps de sa condition humaine.

Le serein malgré lui ou la démission de la raison, le renoncement à être où l’enfermement social et l’isolement conduisent inévitablement à l’attente de la mort qui se limite ici à un pourrissement tenace du corps jusqu’à l’oubli.

Le trait fragile, écorché et incisif de DoubleBob, accompagne cette fable dense comme un écho douloureux, un processus continu d’éveil,  une projection du Double Je (spectateur/acteur), une mise en scène de cette dualité jusqu’à l’effacement du tout (dessin final).

Un livre à méditer…

Margarida batista

 

7 mars 2011

Hannah ou l'instant mort

Texte de Nathalie Kuperman / Dessins de Romina Pelagatti paru aux éditions Noviny 44

Hannah vient d’être quittée par Vincent. L’espace temps n’existe plus. Le lecteur assiste, impuissant, à la dérive psychique d’Hannah. Un va et vient où le passé se mêle au présent, l’inconscient au conscient,  pendant une heure, jusqu’à  l’inévitable…

 L’architecture de cette nouvelle fonctionne en miroir : texte/dessin, femme/homme, deux appartements, deux pièces, deux téléphones, une fissure qui divise en deux… le discours narratif ou la chute annoncée par le choix même des prénoms : Hannah et Vincent phonétiquement en miroir «  nah-han/néant » « cent-vin/s’en va ».

Le tout sublimé par la construction illustrative : Hannah ou l’instant mort ou peut-être Hannah ou l’abandon primal représenté dans la première partie de l’œuvre, par un utérus béant, une mise en scène visuelle des affres de la souffrance d’Hannah in utero. Puis, la prise de conscience de la solitude du corps jusqu’à l’éclatement et le vide psychique, la perte de l’autre : un écoulement rouge qui divise et renvoie à la séparation des corps (mère/enfant), l’abandon, la solitude…

 Un livre bouleversant comme un écho à la fragilité de l’être en devenir que nous avons été et que nous sommes devenus.

Margarida Batista

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