Le passage de la nuit
« Le passage de la nuit » de Haruki Murakami paru aux éditions belfond
Tokyo. L’horloge indique minuit moins cinq. Dans un bar, une jeune fille lit seule, concentrée, dans un coin… A l’autre bout de la ville, sa sœur Eri dort profondément…
Autour de Mari, fil conducteur de cette histoire singulière, l’auteur nous présente une galerie de personnages sombres et secrets : Eri la belle endormie, un musicien un peu paumé, une gérante d’hôtel au lourd passé, une jeune prostituée violentée, un informaticien désabusé…
Leurs destins vont défiler, se choisir, s’entremêler ou se blesser pendant sept heures devant nos yeux.
Haruki Murakami renoue dans cette œuvre moderne avec son ancien amour : le cinéma
Son écriture est visuelle, vivante. Elle alterne au présent, une narration à la 1ère personne du pluriel et une narration plus descriptive. L’Architecture de ce livre renvoie étrangement à celle d’un scénario. Le lecteur, alter ego de l’auteur, endosse malgré lui, la peau du réalisateur. Il est capté, sollicité, actif, filmant les différents acteurs dans des plans séquences intimistes voir intrusifs ou des travellings oniriques. Une horloge en exergue au début de chaque chapitre et des indications visuelles en lettres capitales apparentées à des didascalies scénaristiques plantent le décor et l’invitent à poursuivre son travail.
Ces différents tableaux aux accents emprunts de réalité et de fantasmes où la musique, comme une bande son, accompagnant ce passage de la nuit, peuvent décontenancer un lecteur–spectateur, un lecteur passif, peu habitué à un univers interactif où le conscient et l’inconscient du « nous » (auteur-lecteur), le réel et l’imaginaire se côtoient et s’invitent mutuellement dans un monde très contemporain.
Margarida Batista